Je viens de vivre une semaine assez éprouvante au travail. Comme je l’avais dit ici, il était prévu que je change d’activité et j’étais très contente de ce changement, car cela allait sans doute me faire découvrir de nouvelles choses, ce qui est toujours bien. Le problème, c’est que le changement va effectivement se faire, mais pas dans les conditions qui étaient initialement prévues. Je vais devoir complètement changer d’équipe, et ne plus travailler dans l’équipe dans laquelle j’étais depuis maintenant deux ans, que j’ai moi-même créée et de laquelle j’étais censée devenir officiellement responsable dans les semaines à venir. Pire encore, c’est quelqu’un d’autre d’extérieur à l’équipe qui va apparemment en prendre la responsabilité. J’ai l’impression de perdre mon "bébé". Une personne ayant assisté à la réunion au cours de laquelle mon chef a d’ailleurs dit officiellement qu’on allait faire "éclater mon bébé" a dit que je suis devenue toute blanche…J’étais en effet au bord du malaise.

Pourquoi cela me contrarie autant au point de m’empêcher de dormir la nuit ? Pourquoi ai-je un tel besoin de reconnaissance de mon travail ? Je me rends compte que toutes ces peurs sont en fait liées à des angoisses très anciennes. Mon père était quelqu’un de très exigeant. J’avais beau être toujours la première de la classe, ce n’était jamais assez bien pour lui. Même s’il semblait fier de moi, j’avais toujours l’impression que tous les autres enfants étaient mieux que moi. Mon père avait tendance à me rabaisser, me critiquer. Je me souviens qu’en 4ème, au début de l’année scolaire, il en était arrivé à me dire que si je continuais comme ça, j’allais sans doute redoubler, ce qui bien sûr était aberrant avec 18 de moyenne générale. Pas besoin d’aller voir un psy pour comprendre que toutes ces années de critiques en tout genre ont forcément eu un impact sur ma personnalité d’aujourd’hui. Je suis très exigeante avec moi-même et avec les autres, dans tous les domaines. Je ne supporte pas la médiocrité, je suis très perfectionniste et je cherche toujours à me dépasser. Je ne veux pas être dans la moyenne, je veux être la meilleure dans tout ce que je fais. Cela peut être très positif car cela me tire vers le haut. Mais cela rend tout échec très difficile à assumer.

Je me rends compte également que je fais beaucoup trop attention au regard que les autres peuvent porter sur moi, j’ai peur de leur jugement (qui sera forcément négatif…). J’ai un exemple très précis à donner à propos de ça. Quand j’ai eu ma voiture à la fin du mois d’août, je ne la garais pas sur le parking réservé à la société dans laquelle je travaille mais sur un autre parking, car je ne voulais pas être vue par mes collègues. En effet, vu le mal que j’ai eu à obtenir mon permis, et après avoir entendu des tonnes de moqueries suite à mes échecs répétés au permis, je ne voulais pas être encore jugée et critiquée sur ma façon de conduire. Après deux semaines, j’ai fini par décider de me garer là où tout le monde se gare. J’ai donc été vue en train de conduire. Mieux encore, la semaine dernière, nous sommes allés au restaurant avec trois collègues et c’est moi qui ai conduit. L’un d’entre eux m’a dit qu’il trouvait que je passe les vitesses trop tôt et que la voiture n’a pas le temps de gagner assez en puissance. Je lui ai répondu que je conduis comme je veux et que c’est ma voiture. Et je me fiche complètement de ses remarques ! Je trouve que c’est très bon signe, je commence à me détacher de ce que les gens pensent de moi…

Pour en revenir à mes contrariétés de boulot, après une semaine passée à me miner le moral à cause de ça, j’ai réfléchi et je me suis demandé si j’allais réellement être plus heureuse en devenant responsable de cette équipe que j’ai créée. Honnêtement, je crois que la réponse est non. Je vais donc me faire une raison, perdre mon "bébé", le laisser à quelqu’un d’autre qui récupère tout un tas de problèmes dont je vais me débarrasser…Je lui souhaite d’ailleurs bon courage, car ce n’était vraiment pas une tâche facile. Je repars de zéro dans une autre équipe, à moi de faire à nouveau mes preuves…mais pour ça, je ne me fais pas de souci, je sais que j’en suis capable.