Au tout début du mois d’août, j’avais contacté mon auto-école sur les conseils de mon chirurgien, qui m’avait suggéré de monter un dossier afin de déclarer mon accident à la compagnie d’assurance de l’auto-école. Au téléphone, l’auto-école m’avait informée qu’elle avait déclaré l’accident à l’assurance, et que l’assurance avait récupéré mes coordonnées pour me contacter. J’avais aussi demandé par téléphone à l’auto-école si je pouvais passer récupérer le montant de mon forfait (550 euros), que j’avais versé sous forme de deux chèques qui avaient été tous deux encaissés avant même ma première leçon. Le directeur de l’auto-école m’avait répondu que je pouvais passer quand je voulais pour me faire rembourser.
Les jours passent, l’assurance ne me contacte pas. Jeudi et vendredi derniers, j’ai dû aller chez moi à Sophia-Antipolis pour mes problèmes de plomberie. Vendredi, j’en ai profité pour passer à l’auto-école à Antibes. Le directeur m’a demandé si l’assurance m’avait contactée. Je lui ai répondu que non, et il m’a donc transmis leurs coordonnées pour que je tente moi-même de les joindre. Il a également vaguement pris de mes nouvelles. Il n’a pas été déçu du voyage : il a pu admirer l’état de mon bras et constater par lui-même sa raideur. J’ai de mon côté voulu savoir ce qu’il était advenu de la moto. Il m’a dit qu’elle devait "partir en épave" dans le courant de la semaine. Je lui ai demandé quel âge avait cette moto. Il a prétendu qu’elle avait juste un an, ce qui ne me semble pas exact d’après ce que j’avais cru comprendre en juin. Mais bon, lui donner de mes nouvelles et prendre des nouvelles d’une moto orange ne faisaient pas partie du véritable motif de ma visite : je voulais récupérer mes 550 euros. Le directeur m’a répondu que la comptable était en vacances et qu’il faudra attendre son retour, mais qu’il n’y aura pas de souci...Il est bien gentil, mais en attendant, il a mes 550 euros alors que je n’ai pris que 15 minutes de cours. Sachant que j’ai dû faire l’avance de nombreux frais médicaux (j’en suis à ce jour à 650 euros d’avances de frais), c’est quand même culotté de sa part de me faire encore attendre. Je n’ai pas hésité à bien insister sur les avances de frais que j’ai faites depuis deux mois et sa seule réponse a été : "Mais vous allez être remboursée, non ?". Heureusement que j’ai de l’argent de côté et une bonne mutuelle grâce au boulot, car quelqu’un qui serait un peu juste à la fin du mois se retrouverait bien dans la merde avec de tels frais à avancer ! Bref ! Je suis repartie de l’auto-école sans mes 550 euros...Ca ne m’amuse que très moyennement de me déplacer pour rien, surtout dans mon état et sans moyen de locomotion.
Lundi matin, j’ai contacté l’assurance à la première heure. Ils ont effectivement reçu une déclaration de sinistre de la part de l’auto-école. La personne que j’ai eue au téléphone m’a lu la déclaration et il était indiqué : "l’élève a été blessée" sans plus de détails. L’auto-école n’a pas précisé que les pompiers sont intervenus, que j’ai été transportée à la clinique et que j’ai été opérée le jour-même, alors que les pompiers avaient clairement précisé devant mon moniteur au moment de mon évacuation que je serais opérée. Le moniteur savait donc bien ce qu’il en était. La personne de l’assurance m’a dit que "blessée voulait tout dire et n’importe quoi", donc ils n’avaient pas jugé bon de me contacter. Quand je lui ai expliqué les détails de l’accident au téléphone, elle m’a confirmé que je devais leur faire une déclaration la plus détaillée possible de tous mes problèmes de santé. Elle m’a transmis une adresse mail pour faire ma déclaration, qui sera envoyée au service "dommages corporels". Je viens donc de perdre trois semaines à attendre d’être contactée. D’un côté, je constate que l’auto-école n’est pas très sérieuse car ils ont complètement éludé les détails concernant mon état au moment de l’accident. D’un autre côté, l’assurance ne vaut pas mieux que l’auto-école car si une moto est bonne à aller à la casse, ils doivent bien se douter que la personne qui était dessus risque d’avoir quelques problèmes aussi...
Lundi après-midi, j’ai eu rendez-vous avec ma kiné officielle qui était de retour de vacances. Elle a été très impressionnée de voir les progrès réalisés en l'espace d'une semaine. Elle m’a dit qu’elle avait discuté avec sa remplaçante et qu’elle avait su que celle-ci m’avait parlé d’une suspicion d’algodystrophie. Elle m’a avoué qu’elle avait les mêmes craintes que sa collègue depuis le début, mais qu’elle n’avait pas voulu m’en parler pour ne pas m’alarmer tant qu’on n’a pas vérifié mes radios. Elle m’a préparé un bilan à donner à mon chirurgien. Elle m’a également conseillé d’insister pour faire une radio de contrôle du coude par précaution. Enfin, elle m’a demandé des nouvelles de l’auto-école et de l’assurance. Je lui ai tout raconté et je lui ai dit que c’était quand même dingue que l’auto-école ait juste indiqué que j’ai été "blessée", sans autre précision, alors que je suis en arrêt maladie depuis 9 semaines et demi (toute ressemblance avec un titre de film est absolument fortuite). La kiné a ajouté : "et encore, c’est que le début..." Elle était en tout cas aussi sidérée que moi devant le peu d’implication de l’auto-école dans cette histoire.
Dans quelques heures, j’ai mon fameux rendez-vous avec le chirurgien. J’espère que tout va bien se passer et qu’il va écouter ce que j’ai à lui dire. C’est sans aucun doute un excellent chirurgien (il est "spécialiste du membre supérieur" !), mais il manque un peu d’humanité. S’il veut jouer à Greg House, c’est mal barré, il n’a pas son aura ! :-)
Pour terminer sur une note d’humour, ma remarque sur le film "9 semaines 1/2" m’a fait penser à la fameuse scène de strip-tease de Kim Basinger (une femme sublime au bras droit merveilleusement souple) sur la chanson interprétée par Joe Cocker, "You can leave your hat on". Les paroles me font évidemment réagir :
Baby, take off your coat, real slow.
>> Parfait, ça j’y arrive…
Take off your shoes. I'll take off your shoes.
>> Merci, monsieur est trop bon, j’ai effectivement besoin d’aide pour enlever mes bottes, c’est très dur de défaire une looooongue fermeture éclair avec une seule main…
Baby, take off your dress. Yes, yes, yes.
>> Ok, j’enlève la robe toute seule mais faut m’aider pour le soutien-gorge !!!
You can leave your hat on...
>> Mais il me gonfle lui, il veut que j’enlève ce que j’arrive pas à enlever, et que je garde ce que j’arrive à enlever !
You can leave your hat on...
>> C’est bon, j’ai compris !
You can leave your hat on...
>> J’ai juste des fractures, pas un problème d’amnésie, alors arrête de répéter ou je te fourre le chapeau où je pense !
Allez messieurs, arrêtez de baver sur votre PC ;-) Allez mesdames, n’hésitez pas à en prendre de la graine, rien de tel qu’un petit strip-tease pour réveiller les ardeurs d’un compagnon un peu mou affalé sur le canapé !
Commentaires :
Warning, vous avez gagné au loto?
L'assurance, comme la moto-école a une réaction apparemment incohérente. On ne te refuse pas explicitement le remboursement, mais on ne veut rien faire. (je ne peux pas croire que le directeur de la moto-école laisse toutes ses factures en souffrance pendant les congés de la comptable).
Il serait pourtant logique (à première vue!) que l'on te refuse le remboursement: généralement un stage commencé ne peut plus être remboursé, d'une part, et d'autre part, tu n'as signé aucun contrat d'assurance avec la compagnie de la moto-école. pourquoi ne refusent-ils donc pas explicitement?
En outre, voila que ce n'est plus la même moto, si on écoute le directeur...
Mon hypothèse: ils savent que s'ils t'envoyaient paitre, le risque est sérieux que tu prennes une aide juridique, laquelle te fera prendre conscience que tu es fondée à non seulement être remboursée de tes frais, mais à demander une indemnité compensatoire pour:
-le dommage professionnel
-la douleur physique, et le traumatisme psychologique
-les séquelles handicapantes
Ce qui représente une très belle somme (10 à 50 k€).
Etant supposé, bien sur, qu'il soit reconnu que l'accident résultait d'une faute professionnelle de la moto-école, lorsqu'avec 15 minutes d'expérience (500 mètres parcourus?) elle te met aux commandes d'un engin hyper nerveux (mais est-ce par hasard, alors, si le directeur dans sa version, remplace cet engin par un autre?)
Car de deux choses l'une:
-soit ils pensent que leur responsabilité a peu de chance d'être retenue par le tribunal civil, et alors, ils t'auraient déjà envoyée paitre, et ils t'auraient demandée de rembourser la moto que tu as cassée.
-soit ils pensent qu'elle sera probablement retenue, et alors ils appliqueront exactement la stratégie en cours, qui leur permet d'utiliser ton éventuelle ignorance de tes droits pour minimiser ce qu'ils te versent.
La tactique consiste à te laisser venir. On ne te fait aucune proposition d'indemnité, et on ne te contredit jamais frontalement. On essaye de savoir ainsi ce que tu crois être ton du. S'ils découvrent ainsi que tu es prête à accepter bien moins que ce que tu pourrais légalement exiger, on te dira d'accord, et on te fera un petit chèque en échange d'un engagement écrit de ta part à renoncer à toute autre demande. Cette une tactique commune des assurances dès que l'affaire n'est pas banale et évidente. Ça marche une fois sur deux en raison de l'ignorance des gens. La raison pour laquelle on ne te refuse ou propose rien explicitement, est qu'alors tu risquerais d'être en désaccord et de chercher une aide juridique. De même, l'email qu'on te demande n'a pas d'autre but que de leur permettre d'évaluer le risque financier qu'ils courraient au tribunal. Mais il ne te donne aucun droit légal à recevoir quelque chose de l'assurance, car c'est un email et ce n'est pas une attestation établie par le corps médical. (en passant, par contre, si par inadvertance tu y écrivais quelque chose pouvant justifier une diminution de ton indemnité, ils pourraient le retenir).
Bienvenue dans le monde des entreprises les plus riches de la planète, les assurances, et ce n'est pas par hasard. Cela dit, j'ai vu pire récemment. Pour un montant en jeu plus élevé (100k€ ou plus), l'assurance a carrément trouvé un prétexte bidon pour attaquer au tribunal deux personnes auxquelles elle devait de l'argent. Une des deux personnes s'est laissée intimider et a préféré transiger à l'amiable pour des cacahouètes reçues en échange de son engagement à renoncer à toute demande ultérieure... C'est légal, c'est très rentable car ça ne coutait rien d'essayer, et ce n'est pas en s'en abstenant au nom d'une morale que les grosses compagniezs sont devenues si rentables.
Le plus difficile sera de trouver un avocat qui ne soit ni fainéant, ni trop porté au procès imprudent, ni trop gourmand.
Tu peux tester (scientifiquement, à la Popper) ma théorie en relisant les petites lignes de ton contrat avec la moto-école. Ma théorie s'écroule beaucoup s'il n'y a pas de clause stipulant que le stage une fois commencé ne peut plus être remboursé.
D'autre part, si la clause de non-remboursement existe, on ne te remboursera jamais le stage, ou alors on le fera sous une forme détournée et/ou on te demandera de t'engager à abandonner toute autre demande. Dans le cas contraire, si la moto-école te remboursait officiellement sans en avoir l'obligation par contrat, cela pourrait être considéré comme un aveu de leur faute professionelle.