Le début de la fin. Entre fin 2007 et juin 2008, de nombreux événements se sont accumulés et ont abouti à me dégoûter progressivement de ma relation avec D.K.. Je me souviens notamment que son meilleur pote (le fameux avec qui il avait passé ses vacances en 2006, sans moi) était passé à la maison un jour pendant que j’étais au boulot. Quand je suis rentrée le soir et que j’ai allumé le PC, j’ai constaté que D.K. avait retiré le fond d’écran, qui était une photo de nous deux. Je lui demande des explications. Il se noie dans les excuses vaseuses. Il finit par m’avouer qu’il l’avait enlevée pour ne pas avoir de remarques de la part de son ami. J’hallucine complètement. Cela va faire quatre longues années que nous sommes ensemble et il semble gêné de laisser une trace de notre relation quand son ami vient chez nous...Je suis dégoûtée et pendant plusieurs jours, je refuse catégoriquement tout contact physique avec lui car je trouve son comportement scandaleux. Je me souviens aussi qu’un jour, j’ai renversé une tisane très chaude sur ma jambe et j’ai eu une brûlure assez importante. J’avais demandé à D.K. de m’emmener à l’hôpital car j’avais vraiment mal. "Je ne sais pas où est l’hôpital." Ok, j’ai compris, je vais me débrouiller seule et rester sous l’eau froide, ça va aller...En mai 2008, j’avais eu l’idée de profiter d’un des longs week-ends pour faire un petit voyage à Londres. Il n’a pas voulu que nous fassions ce voyage ensemble, alors que j’aurais tout payé. Monsieur avait trop peur de prendre l’avion. Cette situation me désole. J’ai l’impression de ne rien partager avec lui, à part un quotidien de plus en plus pesant. Au boulot, je m’éclate de moins en moins dans ce que je fais car mes tâches deviennent assez répétitives. Mon enthousiasme des débuts est bien retombé. J’ai l’impression d’être piégée dans une vie qui ne me convient en rien.
Jeudi 5 et vendredi 6 juin 2008. J’échange de nombreux mails avec un collègue de boulot que je ne connais pas vraiment alors que nous bossons ensemble depuis presque deux ans. Je l’ai toujours trouvé très sympa, marrant, serviable, plein de bonne volonté dans le travail, mais je ne sais pas grand-chose de lui. Au début de nos discussions par mails, mon collègue se montre plein d’humour comme il sait si bien le faire, puis la conversation prend une dimension plus personnelle, voire intime. En deux jours, je me suis sentie plus comprise qu’en quatre ans et demi avec D.K.. Pour la première fois de ma vie, je me sens touchée et émue par quelqu’un, remuée au plus profond de mon être. J’ai une confiance absolue en cet homme que je ne connais presque pas. Je ne comprends pas ce qui m’arrive. Le vendredi 6 juin, mon chef m’invite à passer la soirée avec lui, un autre manager ainsi qu’un collègue taiwanais venu nous rendre visite à Sophia. Cela me fait un bien fou de passer la soirée ailleurs que chez moi. Nous mangeons dans un restaurant de Juan-les-Pins, les pieds dans le sable. Nous parlons principalement de boulot, mais j’ai la tête ailleurs. Je n’arrive pas à m’enlever de la tête mon collègue. Je me sens heureuse d’avoir parlé avec lui, cela a été ma bouffée d’oxygène de la semaine. Quand je rentre chez moi après le repas, il est minuit passé, et je m’approche pour embrasser D.K. que je n’ai pas vu depuis le matin. Il regarde la télévision et me demande de patienter jusqu’à la fin du film pour me donner le misérable bisou auquel je croyais pouvoir prétendre. Quelle drôle d’idée de ma part, n’est-ce pas ? La coupe est pleine. Maintenant j’en suis sûre, cette histoire est terminée.
Lundi 9 juin 2008. Mon gentil collègue m’apporte une meringue au boulot. "Pour bien commencer la journée !" Je lui avais en effet donné l’adresse de mon blog le vendredi soir (preuve absolue de ma confiance envers lui, car à ce moment-là, un seul de mes amis connaissait l’existence de ce blog) et il avait lu cet article, qui lui avait donné l’idée de m’apporter cette petite douceur. Cet homme que je ne connais pas est plus attentionné que celui avec qui je partage ma vie depuis quatre ans et demi. Cet homme que je ne connais pas vient par ce petit geste de me toucher en plein cœur. Mon père m’avait apporté une meringue pour me consoler de la rupture avec mon ex. Mon collègue m’apporte une meringue pour me consoler de tout ce qui ne va pas trop dans ma vie, et cela va précipiter la rupture avec celui qui va bientôt devenir mon ex.
Les jours passent, et mon collègue prend en un rien de temps toute la place dans mes pensées. Nous discutons pendant des heures sur MSN au boulot. Je finis par me connecter sur MSN le soir à la maison. D.K. n’est pas content, je m’en fiche. Celui à qui j’aime parler, c’est mon collègue. Je ne pense qu’à lui, jour et nuit, j’ai hâte d’être au boulot pour le voir. Il me manque quand nous ne nous parlons pas. Je suis bien embêtée. Je ne veux pas admettre ce qu’il est en train de m’ariver. Je crois que je tombe amoureuse de lui. Je ressens une grande culpabilité en voyant naître ces sentiments en moi. Je réfléchis, je retourne la situation dans tous les sens. Je ne sais pas encore si mes sentiments sont partagés, mais je commence à envisager ce qui pourrait se passer si c’était le cas. Je me dis qu’il est temps que je prenne ma vie en main, que je vive ma vie plutôt que la rêver et que je prenne les décisions qui s’imposent pour aller dans ce sens. Il n’est pas encore question de rupture avec D.K. mais je vois bien que cette situation ne peut plus durer : au départ, j’étais juste attirée par un collègue, maintenant, je suis presque certaine d’en être amoureuse. Même si je ne sais pas encore si mes sentiments sont réciproques, le fait d’aimer un autre homme me prouve que D.K. et moi avons atteint le point de non-retour. Cela est tellement contraire à tous mes principes ! Il ne s’est encore rien passé avec mon collègue, mais j’ai déjà dépassé les bornes en ressentant des choses si fortes pour lui. Au lieu de vivre pleinement le bonheur de tomber amoureuse, cela me cause de terribles angoisses. Je me demande si ce qui m’arrive est juste passager. Je me demande si j’aime encore D.K. et je constate que je ressens juste un "attachement bienveillant" envers lui, un peu comme un amour fraternel (je suis fille unique mais j’imagine que cela doit ressembler à ça), sans désir charnel. Cela fait de toute façon plusieurs mois que nos relations intimes sont inexistantes. Cela ne semble pas le gêner et moi, cela me soulage car je n’en ai plus du tout envie, en tout cas plus avec lui. Je me demande comment faire pour préparer la rupture, en essayant de ne pas trop le faire souffrir. Je n’ai pas envie d’être un bourreau, mais je me doute bien que la séparation risque de ne pas être facile. Bref, toutes ces questions sur D.K. viennent perturber ce moment qui devrait être heureux : la naissance de mes sentiments pour un homme merveilleux, attentionné, compréhensif, à l’écoute, drôle...Quand je regarde mon passé sentimental, je ne trouve pas d’équivalent à ce que je ressens. Je me sens profondément en phase avec lui, j’ai l’impression qu’on est vraiment sur la même longueur d’ondes dans nos goûts et dans nos envies. Avec lui, j’ai confiance en moi, et j’ai envie d’aller de l’avant. Nous ne sommes pas encore ensemble, mais il m’insuffle déjà une force qui pourrait me faire abattre des montagnes. J’ai envie de me dépasser pour lui, de devenir meilleure. Quand je pense à lui, je souris bêtement en me disant que j’ai découvert un trésor, qu’il était là, sous mes yeux depuis presque deux ans et qu’un échange de mails au départ anodin m’a permis de le découvrir. Que je suis chanceuse ! Il n’est pour l’instant qu’un ami très proche, mais cette relation m’apporte déjà tellement ! Grâce à lui, je me sens femme pour la première fois de ma vie...à 29 ans, il était temps ! C’est peut-être ça, le début du bonheur ! :-)
(La suite au prochain épisode...)