Au cours de l'été 1995, j'ai fait la connaissance virtuelle (par correspondance écrite, avec des enveloppes et des timbres...on est bien loin de l'époque actuelle où tout cela a été remplacé par les mails) d'un jeune genevois. Il avait 18 ans et j'allais en avoir 17. Plusieurs centaines de kilomètres nous séparaient. Nos seuls contacts étaient ces lettres échangées. Il avait une seule photo de moi et j'avais une seule photo de lui.

 Au mois d'octobre 1995, j'ai reçu une lettre dans laquelle il me déclarait sa flamme. J'étais plus que surprise. Je ne me sentais pas amoureuse de lui mais je ne lui ai pas dit. Je ne l'ai pas non plus laissé espérer une éventuelle évolution de notre relation. Cependant, les mois ont passé. Il continuait à me dire qu'il m'aimait à chaque fin de lettre. Il me parlait aussi de ce qu'il imaginait d'une éventuelle rencontre. A la Saint Valentin de 1996, il m'a pour la première fois envoyé un beau bouquet de roses rouges en signe de son attachement pour moi. Il m'a également envoyé un bouquet pour mon anniversaire en octobre 1996.

Les années ont passé. 1997, 1998, 1999. Il continue à m'écrire, me dire qu'il m'aime, que notre correspondance lui permet d'évacuer le stress de sa vie et de ses études. Il m'envoie toujours ses bouquets de fleurs à la Saint Valentin et à mon anniversaire. En novembre 1999, j'ai eu un petit ami et il m'a laissé tomber rapidement. J'étais très triste et dans une lettre envoyée à M. au mois de décembre, je lui raconte mes déboires, en lui disant bien que je me doute que lire cela ne lui fera pas plaisir mais que je souhaite cependant être honnête avec lui. Il m'a envoyé un bouquet de roses à la Saint Valentin de 2000 avec un petit mot ressemblant à un adieu. En mars 2000, je lui ai envoyé une carte pour lui souhaiter son anniversaire. Il n'a pas répondu. Je n'ai pas envoyé d'autres lettres, lui non plus. L'histoire s'est arrêtée du jour au lendemain.

Je lui ai brisé le coeur, j'aurais dû être plus explicite avec lui dès le début. Pourtant, je n'avais pas l'impression de lui laisser un quelconque espoir. Je m'en veux d'avoir lu ses déclarations et reçu ses bouquets sans rien dire concernant l'absence de sentiments à son égard. J'avais espéré qu'il allait quand même continuer à m'écrire mais il a préféré couper les ponts. Je me demande ce qu'il est devenu. Je sais juste qu'il est avocat à Genève mais je n'ai pas d'autres renseignements. La magie du virtuel à nouveau...les illusions, l'attirance qu'on peut ressentir juste en lisant les écrits de quelqu'un, sans même le connaître...