Le moment que je redoutais tant est arrivé. Je dois raconter le vendredi 27 juin. Je sens déjà que cela va être très dur pour moi d’évoquer ces moments.
Depuis le mardi 24 juin, nous avions prévu de passer la soirée de vendredi ensemble. J’avoue que c’est moi qui avais eu l’idée. J’avais trouvé un stratagème presque parfait. Ce mensonge relativement crédible m’obligeait à passer la nuit de vendredi à samedi chez ma mère à Nice et D.K. était censé venir me chercher le lendemain matin, afin que nous allions à un barbecue organisé par un collègue de boulot et auquel tu étais également invité. Ce mensonge allait me permettre de passer la soirée avec toi, mais surtout de ne pas être obligée de regarder ma montre toutes les 5 minutes car je pouvais rentrer aussi tard que je voulais, vu que je ne rentrais pas chez moi, mais chez ma mère, devenue malgré elle complice de mon infidélité.
Vendredi matin, tu ne m’as pas ignorée comme la veille et tu es venu me dire bonjour et même m’apporter des DVD (que je dois d’ailleurs te rendre, il serait temps, après sept mois). L’après-midi, tu t’es connecté sur MSN et je t’ai demandé dans quel état d’esprit tu étais par rapport à la veille. Tu m’as dit que tu étais toujours "tiraillé entre deux feux". J’essayais d’en savoir plus mais tu étais peu loquace car tu étais souvent dérangé pour des questions de boulot. Tu m’as demandé si je ne préférais pas en parler le soir. J’étais un peu énervée par ton revirement partiel, et je t’ai dit que je pouvais te simplifier la tâche en annulant tout simplement notre rendez-vous. Tu m’as répondu que tu n’en avais pas envie, mais que j’avais peut-être raison. Tu as conclu par un "je ne sais pas" comme tu en as le secret. Tu m’as dit que tu n’arrivais pas à réfléchir. Tu as insisté pour qu’on en parle le soir et tu as dit que cela ne nous empêcherait pas de passer une bonne soirée. J’ai essayé de te rassurer en te disant "je pense à toi tout le temps, tu me manques, j'ai besoin de te voir, j'ai envie de te voir (notamment ce soir et demain), je n'ai pas peur des obstacles même si je suis consciente qu'il y en a plein et j'aimerais bien réussir à ce que tu aies confiance aussi..." Tu m’as dit que tu aimerais bien rester "tout feu tout flamme" mais que tu avais peur, que tu n’avais pas confiance en toi, que tu croyais ne pas être prêt à avoir quelqu’un dans ta vie. J’ai encore tenté de te rassurer, en te disant qu’il se passait vraiment quelque chose entre nous depuis trois semaines, que tu m’avais déjà apporté énormément de choses et que je ne demandais pas plus et j’ai terminé par la phrase suivante : "En tant que pièce de 1 centime, la seule chose que je te demande, c'est de me ramasser, car je suis seule par terre, il fait froid et seule la chaleur de ta main peut me rassurer". Tu m’as répondu que tout ce que je te disais te touchait beaucoup et tu as dit cette phrase qui me perturbe tout particulièrement ce soir : "Quoi qu’il arrive, même si ça marche pas entre nous, je serai toujours là pour toi, je te laisserai pas tomber". Et aujourd’hui, j’ai envie de te crier : "Mais bordel, où es-tu ? Tu disais que tu serais toujours là pour moi mais tu fais comme si je n’avais jamais existé !". Voilà, c’est gagné, je pleure ! Je me calme, je savais que ça allait être dur, il faut que je me ressaisisse. On respire, on continue...
A 18h20, nous avons coupé MSN et nous avons quitté le boulot, séparément évidemment, car le but était de ne pas nous faire surprendre. Je suis allée t’attendre à l’abri des regards indiscrets et tu es venu me récupérer. Nous avons immédiatement parlé de notre début de relation et tu as bien compris que j’étais vraiment consternée de ton comportement de la veille. Tu as alors arrêté la voiture au rond point de l’Eganaude, sur le bord de la route. Je ne comprenais pas ce que tu faisais. Tu m’as embrassée et tu m’as dit que c’était pour rattraper les bisous que je n’avais pas eus la veille. Nous avons ensuite repris la route après de nombreux bisous, je me sentais déjà bien mieux. Pendant tout le trajet, je touchais tes mains, ton cou, je t’embrassais les mains. J’avais l’impression que tu avais retrouvé ton enthousiasme du 24 et du 25 juin. Nous avons choisi de nous arrêter à Saint Laurent du Var. Tu as garé la voiture et nous nous sommes encore faits plein de bisous avant de réussir à en sortir. Ensuite, pour la première fois, nous sommes sortis tous les deux main dans la main. On aurait bien sûr pu être surpris par quelqu’un qu’on connaissait mais à cet instant-là, c’était la dernière de nos préoccupations. Nous sommes allés nous asseoir sur un banc face à la mer. Nous nous sommes embrassés, embrassés, embrassés...Nous n’arrivions plus à nous détacher l’un de l’autre. J’étais assise sur tes genoux, je te respirais, je t’embrassais, je me remplissais de ta présence, puisque tu étais enfin tout à moi pour la première fois. Des petits jeunes peu fréquentables nous ont vus ainsi enlacés et nous ont jeté des pierres. L’un d’entre eux t’a même dit : "Pour le premier coup, tu penseras à moi". Que c’est romantique n’est ce pas ? :-) A un moment, alors que nous étions ainsi enlacés, je t’ai dit "je t’adore". Tu m’as répondu que j’étais en train de donner un grand coup "là", en me montrant ton cœur. J’étais tellement bien, tellement rassurée, tellement amoureuse !
Malgré ce bien-être, il fallait que j’assume mon infidélité jusqu’au bout. D.K. avait essayé de me joindre. Il était déjà 21h45, je devais donc le rappeler au plus vite pour mentir, dire que j’étais fatiguée, que j’allais me coucher rapidement pour abréger la conversation. Nous avons donc quitté notre banc et nous sommes allés dans la voiture, pour qu’il n’y ait pas de bruit, vu que j’étais censée être chez ma mère. J’ai voulu que tu restes dans la voiture avec moi. J’avais besoin que tu sois près de moi, pour me donner du courage, me donner la force d’assumer ce mensonge. J’ai donc passé cet appel, j’ai menti, je n’étais pas bien fière de moi, je tremblais, cela m’angoissait au plus haut point. Moi qui n’ai pas l’habitude de mentir et qui déteste par-dessus tout la malhonnêteté, je venais de dépasser des limites que je n’imaginais pas atteindre un jour. Après cet appel, nous sommes restés un moment dans la voiture, nous nous sommes à nouveau embrassés, tu avais bien vu que j’étais mal à l’aise d’avoir menti. Nous nous sommes regardés. Il faisait sombre mais je trouvais tes yeux brillants, tu me souriais, tes yeux me souriaient aussi. Je t’ai demandé ce qui se passait, pourquoi tu me regardais comme ça. Tu m’as répondu : "ça veut dire je t’aime". Je n’en revenais pas, tu venais de me dire je t’aime !!! Je t’ai dit que je t’aimais aussi, nous nous sommes embrassés et redit encore plusieurs fois que nous nous aimions. J’étais en train de vivre un rêve. L’homme que j’aimais m’aimait aussi et venait de me le dire pour la première fois. Je me sentais extrêmement chanceuse. Cela dépassait largement les plus belles scènes des plus beaux films romantiques qui me plaisent tant.
Vers 23h, nous avons réussi à arrêter de nous embrasser dans un but bien précis : aller manger. Nous sommes allés au Kashmir, le restaurant indien de Port Saint Laurent. Nous nous regardions dans les yeux pendant tout le repas, nous nous tenions par la main. J’étais sur mon petit nuage et je n’avais pas du tout envie d’en redescendre. Nous avons mangé relativement rapidement, puis nous sommes retournés sur un banc face à la mer. Il était tard et il y avait donc peu de passage. Je me suis assise à califourchon sur toi. Nous nous embrassions. Tu me caressais le dos du bout des doigts et c’était si agréable que je frissonnais. J’ai ouvert ta chemise pour sentir ton torse, le caresser, le respirer, l’embrasser. Je me disais que je t’aimais vraiment et j’avais envie que ces instants ne s’arrêtent jamais. C’était si romantique de nous embrasser devant cette mer calme et sombre. J’avais l’impression de vivre un moment exceptionnel. C’est pour ce genre de moments que je suis contente d’être sur Terre. Je me sentais infiniment heureuse, vivante. Depuis ce moment passé avec toi, je regarde souvent la vue que j’ai de la mer de mes fenêtres, le soir. Je me dis que des gens sont peut-être en train de se dire je t’aime pour la première fois comme nous ce jour-là. La vie continue, les gens continuent à s’aimer et à se le dire. Je me dis que ces gens ont bien de la chance. J’aimerais tellement pouvoir voyager dans le passé, revenir à ces instants magiques, te retrouver amoureux, sentir à nouveau ton regard bienveillant sur moi. Quelle injustice ! C’est tellement douloureux d’avoir été si heureuse et de me sentir si "vide" à présent ! Je sais que j’ai la force en moi d’être heureuse, ou du moins pas malheureuse. Mais je n’arrive pas à m’enlever l’idée qu’être heureux à deux, c’est mieux que d’être heureux seul.
Vers 3h du matin, nous avons fini par quitter notre banc et tu m’as raccompagnée chez ma mère. Nous nous sommes encore beaucoup embrassés avant que je rentre. Fort heureusement, nous savions que nous nous reverrions quelques heures après car nous étions invités à ce fameux barbecue chez notre collègue...mais je n’allais pas être seule...La suite de cette histoire au prochain épisode donc...
Je ne sais pas si tu es passé par là, si tu as lu ce que j’ai écrit. Si tu l’as lu, je ne sais pas comment tu as réagi. As-tu été agacé ? Emu de revivre un peu ces moments à travers mes mots maladroits ? Indifférent ? Tu sais, ce n’était pas facile pour moi d’écrire ces lignes. Cette soirée a beaucoup compté pour moi, plus que beaucoup d’autres dans ma vie. Ce n’est pas étonnant : je n’ai pas dit je t’aime à beaucoup d’hommes et quand je le dis, c’est important pour moi. J’étais naïvement convaincue que ces instants si particuliers suffiraient à ce que tu n’aies plus jamais de doutes sur notre relation. Là, ce soir, comme je l’ai dit plus haut, je me sens "vide". Vide de t’avoir perdu, vide parce que je suis seule à aimer, vide parce que je viens de consacrer beaucoup d’énergie à écrire ces lignes. Je ne sais pas ce que j’ai fait de mal, je pense t’avoir assez aimé, mais peut-être t’ai-je mal aimé ? J’ai dû faire des erreurs, mais lesquelles ? Je n’ai de toute façon plus les idées claires, je suis fatiguée.