Dans la boîte où je travaille, quand on est en déplacement, on prend le taxi relativement souvent. Il faut préciser que la boîte a choisi, aussi bien à Sophia qu’à Bristol, des compagnies de taxis avec lesquelles elle travaille régulièrement. Les différents chauffeurs que nous rencontrons ont donc l’occasion de conduire bon nombre d’entre nous et connaissent finalement une grande partie du personnel. A Bristol, j’ai pris le taxi deux fois. Le premier, qui m’a conduite de l’aéroport à mon hôtel dimanche 9 novembre, ne parlait pas beaucoup. Cela me convenait parfaitement car je n’étais pas particulièrement en forme et pas du tout ravie de gâcher mon week-end de 4 jours à Bristol. Le deuxième, qui s’est chargé de me transporter des locaux de la société à l’aéroport vendredi 14 novembre, était beaucoup plus loquace. Cela me convenait également car j’étais dans de bien meilleures dispositions puisque j’allais être chez moi quelques heures après. Ce chauffeur de taxi était d’origine écossaise. Je m’en étais rendu compte avant même qu’il me le dise car il roulait un peu les R. J’ai rapidement compris qu’il fallait que ma conversation soit la plus neutre possible, car le taxi a passé tout le trajet à me raconter des détails sur tel ou tel employé de ma société. Telle personne n’est jamais à l’heure, telle autre a toujours faim, telle autre s’était endormie pendant le trajet et parlait dans son sommeil...Il valait donc mieux que j’évite de lui donner matière à raconter des choses sur moi à ses prochains passagers de ma boîte.

Quand je suis arrivée à Nice après mon voyage en avion, j’ai encore pris un taxi. Comme il était déjà 22h45 quand il est arrivé, il m’a dit que mes enfants allaient être endormis à mon retour chez moi. Je lui ai répondu que je n’ai pas d’enfant et que personne ne m’attend à la maison (c’est presque aussi déprimant que de manger seule...). Il s’en est suivi toute une conversation sur les relations sentimentales. Le taxi en question avait 60 ans et c’était le père du taxi officiel de notre société. Il dépanne son fils de temps en temps lorsque ce dernier ne peut pas aller chercher les clients. Il m’a dit qu’il était marié avec la mère de son fils pendant longtemps mais qu’ils avaient divorcé il y a 15 ans. Il aimerait bien retrouver l’amour. Il m’a dit qu’il n’a pas besoin d’une femme pour faire le ménage ou la cuisine, pour tout cela, il est indépendant. S’il cherche une femme, c’est pour partager des choses...et c’est déjà tellement difficile de trouver ça ! Il m’a dit qu’à son âge, c’est encore plus difficile. Je lui ai dit que sa vie n’est pas finie, qu’à 60 ans de nos jours il est encore jeune et il a encore de belles années devant lui. Oui, c’est fou, il est 22h45 et je suis en train de jouer la psy pour chauffeur de taxi alors que je suis moi-même dégoûtée, à cause de lui d’ailleurs, de me rendre compte que je vais rentrer chez moi sans personne qui m’attend...Ce fut malgré tout une conversation très intéressante. Je me rends compte que finalement, tout le monde cherche la même chose, à 20, 30 ou 60 ans : trouver quelqu’un avec qui partager de bons moments et se sentir bien, tout simplement. Dit comme ça, ça a l’air si facile, mais c’est bien plus complexe en pratique. Alors, quand on trouve ce bonheur simple mais tellement rare, il faut le protéger, le préserver comme s’il s’agissait du bien le plus précieux au monde.

Sur ces bonnes paroles, je vais rejoindre les doux bras de Morphée.