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J-7

En octobre 2003, j’ai eu 25 ans. J’étais à la recherche de mon premier emploi depuis un an et je commençais à sérieusement me demander si j’allais un jour réussir à trouver un boulot d’ingénieur. Evidemment, quand on n’a jamais travaillé, on n’a pas droit aux ASSEDIC. Le seul revenu auquel j’avais droit était le RMI. J’ai effectué la demande auprès du centre communal d’action sociale de ma ville. La demande a bien sûr été acceptée. Après avoir fait cette demande, j’ai été convoquée à une réunion d’information très tôt le matin, courant novembre. Lors de cette réunion, plusieurs futurs bénéficiaires du RMI sont réunis. Ce jour-là, j’ai découvert pour la première fois de ma vie la misère humaine, la vraie. Je me suis rendu compte qu’être ingénieur sans emploi et sans ressources vivant sous le toit de ma mère était une situation plus qu’acceptable. En effet, lors de la réunion étaient présentes des personnes en situation visiblement très précaire. Certains avaient franchement l’air d’être SDF (ils étaient même venus à la réunion avec leurs chiens...) et se jetaient sur le café et les croissants gracieusement offerts comme s’ils n’avaient rien mangé depuis des jours.

En septembre 2004, j’ai fini par réussir à décrocher un emploi d’ingénieur en traitement du signal correspondant à ma formation et à mes compétences. C’était malheureusement un CDD qui s’est terminé en mai 2005. J’ai retrouvé un boulot en octobre 2005 et j’y suis encore actuellement. On ne peut jamais savoir de quoi demain sera fait, mais j’espère de tout cœur ne plus jamais avoir à (sur)vivre du RMI.

Si je vous raconte ça, c’est parce que ce soir, il y avait sur M6 une enquête de Zone Interdite consacrée à l’emploi des seniors, ou plutôt à la difficulté pour un senior de trouver un emploi en France. Plusieurs idées se dégagent de cette enquête :

- dans certains métiers, on est senior très tôt. Il était donné l’exemple d’une vendeuse de chaussures de 43 ans, qui travaillait dans le même magasin depuis l’âge de 16 ans, et qui se retrouvait sans emploi parce qu’elle n’était plus assez jeune par rapport à l’image que le magasin voulait donner. Elle avait finalement réussi à trouver un travail, en tant qu’auxiliaire de vie dans une maison de retraite. Elle gagnait 300 euros de moins qu’à son ancien boulot et avait un travail beaucoup plus physique mais cela lui permettait d’être utile à la société et surtout de ne pas rester chômeuse.

- quand on perd un emploi après une certaine limite d’âge, il devient très difficile de retrouver un emploi. Le reportage montrait par exemple un ancien cadre commercial qui avait perdu son emploi et son salaire de 7000 euros par mois, et qui se retrouvait à présent au chômage depuis 6 ans et vivait avec le RMI. Pourtant, cet ancien cadre semblait plus que dynamique et faisait apparemment des efforts pour travailler. Il acceptait des missions d’intérim payées au SMIC horaire ou même un emploi d’homme d’entretien dans un camping.

- quand on part à la retraite, on n’a pas forcément des ressources suffisantes pour vivre de façon décente. Il y avait plusieurs exemples, et notamment celui de Mauricette, une mamie de 83 ans, qui a une petite pension lui permettant à peine de vivre et qui complète ses revenus en posant comme mannequin 3ème âge. Elle a même joué dans le film "Cliente" de Josiane Balasko. Il y avait aussi l’exemple d’un routier de 84 ans. Il décharge son camion lui-même malgré son âge avancé. Je précise, pour ceux qui se poseraient la question, que la médecine du travail l’a déclaré apte. Honnêtement, quand on voit ce pauvre homme trembler en mangeant une biscotte avant de partir au boulot, on se demande comment il peut conduire un poids lourd.

Tous ces reportages ne sont pas rassurants. J’en suis à peine au début de ma vie professionnelle et j’ai encore de longues années d’efforts devant moi. Et tout cela pour quoi ? Pour me retrouver peut-être dans une situation précaire au moment de la retraite...C’est une perspective assez désespérante, et je préfère d’ailleurs ne pas y penser. Ce qui est sûr, c’est que je préfère mille fois les galères du boulot que les galères du chômage. Je ne supporte pas d’être inactive et j’avais particulièrement mal vécu mon chômage forcé. Mon prof de philo de terminale disait d’ailleurs qu’il n’y a rien de plus beau que le travail et l’effort. Je suis totalement d’accord avec cette idée.

C’est sur cette sage pensée que je vous laisse. A demain !

Ecrit par C-C, le Lundi 24 Novembre 2008, 00:47 dans la rubrique Jour après jour.