Cela faisait seulement 9 jours que je ne l'avais pas vu mais il me manquait affreusement. Heureusement, nous avons pu passer la journée ensemble. Il aime me poser des questions de physique et de chimie, il s'émerveille des mystères de l'univers, il me trouve admirable quand je sais répondre à ses questions. Il a été adorable. Tout tendre et tout mignon.

L'année dernière à la même période, ma vie basculait complétement. Le souvenir des dates maudites de 2003 me hante depuis quelques jours. Je pensais que rien ne pourrait s'arranger et que tous les malheurs du monde s'abattraient encore sur moi. D.P. m'a laissée après une relation très fusionnelle qui a duré trois ans et un mois après mon père est mort. J'ai eu l'impression de perdre les deux hommes de ma vie. Tout le passé, toutes les choses sûres sur lesquelles je m'appuyais ont été balayées en l'espace d'un mois pour laisser place au néant.

Je me disais à ce moment là qu'il n'y a que les imbéciles qui peuvent être heureux...ils ne pensent pas à donner un sens, ils se foutent du sens. Camus écrit dans "Le mythe de Sisyphe" :"Commencer à penser c'est commencer d'être miné"...Je n'arrêtais pas de me miner, à chercher un sens...ça m'épuisait...

Aujourd'hui, nous sommes passés devant l'hôpital où mon père a vécu ses 25 derniers jours. Je lui ai dit que ça me déprimait. Il m'a dit : "Je suis là" et il m'a pris la main.