J’aime beaucoup Maupassant. Je l’ai découvert quand j’étais au collège. Ma prof de français et de latin de quatrième et de troisième nous avait fait étudier deux recueils de nouvelles que j’avais adorées. Je dois dire que cette prof était vraiment géniale. En fait, à cette époque-là, je rêvais de devenir prof de lettres. Ma prof trouvait que j’étais douée, je me souviens qu’elle pensait même que j’avais un certain talent d’écriture. Mais elle avait l’intelligence de penser que comme j’étais une très bonne élève dans toutes les matières, il ne fallait surtout pas que je choisisse une filière littéraire au lycée. Elle me disait que les filières scientifiques auraient pu m’ouvrir toutes les portes par la suite, et m’auraient même permis de faire des études supérieures littéraires si je le voulais. D’autres profs m’ayant par la suite donné les mêmes conseils, j’ai donc fini en terminale S, en prépa maths sup maths spé et en école d’ingénieurs. Je suis bien loin de mes rêves d’adolescente, même si on ne peut pas dire que je sois mécontente de ce que je suis devenue. Pour en revenir à Maupassant, c’est donc cette prof géniale dont je garde de merveilleux souvenirs qui m’a fait découvrir cet auteur. Par la suite, une autre prof de français au lycée m’a permis de découvrir "Bel-Ami", qui est l’un de mes romans préférés. J’avais d’ailleurs évoqué ce roman ici.  En 2001, j’ai poursuivi ma découverte de Maupassant toute seule. J’avais emprunté à la médiathèque de Nice un recueil de l’ensemble de ses romans que j’avais lus pendant l’été (je vous rassure, il n’en a écrit que huit, dont deux qui sont restés inachevés). Je crois que si je n’avais pas été ingénieur, j’aurais pu écrire une thèse sur l’œuvre de Maupassant :-)

Pour résumer un peu ce qui me plaît chez Maupassant, je dirais que j’apprécie son style d’écriture qui reste relativement moderne, ce qui n’est pas forcément le cas d’autres auteurs du 19ème siècle. C’est une écriture vraiment vivante. Contrairement à Balzac par exemple, Maupassant ne nous assomme jamais avec des pages et des pages de descriptions interminables. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si certaines de ses nouvelles ont récemment été adaptées pour la télévision et si ces adaptations ont rencontré un certain succès. Son écriture se prête tout naturellement à ce type d’adaptations.

J’aime la diversité des thèmes abordés par Maupassant. Il évoque avec un grand réalisme la vie parisienne du 19ème siècle ou la Normandie de ses origines. Il est également capable de changer complètement de registre dans certaines de ses nouvelles fantastiques.

J’apprécie aussi la place des femmes dans ses œuvres. Dans "Bel-Ami" par exemple, Georges Duroy, jeune journaliste, parvient à une fulgurante ascension sociale grâce à ses conquêtes féminines successives. Finalement, ce sont les femmes qui ont véritablement le pouvoir dans ce roman ! Qu’elles soient blondes ou brunes, jeunes ou vieilles, toutes les femmes trouvent leur place dans le récit. La construction du récit est d’ailleurs relativement astucieuse. Entre sa première femme Madeleine Forestier la blonde et sa maîtresse Clotilde de Marelle la brune, entre son autre maîtresse Mme Walter la femme mûre et sa deuxième femme Suzanne Walter (vous ne rêvez pas, il s’agit bien de la fille de sa maîtresse, ce Georges Duroy n’a vraiment aucune morale !), incarnation de la jeunesse, on ne peut s’empêcher pendant tout le roman de comparer ces femmes qui vont toujours par paires (la blonde/la brune, la jeune/la vieille) et qui apportent chacune leur pierre à l’édifice de l’élévation sociale de Duroy.

Parmi tout ce que j'ai pu lire de Maupassant, il y a une nouvelle faisant partie du recueil étudié en troisième qui m’a particulièrement marquée. Elle s’intitule "La Chevelure". Le personnage dont il est question a trouvé une longue natte blonde dans un vieux meuble. Il est devenu peu à peu obsédé par cette chevelure, ressentant en permanence le besoin de la voir et de la toucher, et il a fini fou, pensant qu’il possédait chaque nuit la femme à qui ces cheveux avaient appartenu. Pourquoi cette nouvelle m’a autant marquée ? Je crois que c’est une des rares qui m’ait laissé un tel sentiment de malaise à la lecture :

"J'avais aux mains et au cœur un besoin confus, singulier, continu, sensuel de tremper mes doigts dans ce ruisseau charmant de cheveux morts"

"Je m'enfermais seul avec elle pour la sentir sur ma peau, pour enfoncer mes lèvres dedans, pour la baiser, la mordre."

"J'éprouvais près d'elle un ravissement surhumain, la joie profonde, inexplicable, de posséder l'Insaisissable, l'Invisible, la Morte ! Nul amant ne goûta des jouissances plus ardentes, plus terribles !"

Ce lien entre l’amour et la mort est tellement pervers qu’on se demande où Maupassant est allé puiser l’inspiration pour réaliser une telle description. Ceci dit, Maupassant a lui-même fini fou...ceci explique peut-être cela...

J’ose espérer que ce long texte ne vous aura pas trop ennuyé et qu’il vous aura peut-être même donné envie de lire du Maupassant ! (je sais, je suis un peu optimiste là ;-) )

Pour finir cet article, j’ai envie de vous faire écouter une chanson sur laquelle je suis tombée par hasard sur Deezer. L’interprète s’appelle Remy Shand et l’album dont est extraite cette chanson date de 2002. Je ne connaissais pas du tout mais ça me plaît bien ! J’espère que vous apprécierez :-)

Je vous souhaite une excellente nuit ! A très vite !