J'ai parlé hier de mes déboires concernant le permis de conduire . Je viens de trouver dans des archives de l'Express datées du 19 janvier 2006 (la date de fin de validité de mon code ! quelle coïncidence !) un article étonnant que je vous livre ici :

L'Express du 19/01/2006
Antoine, 23 ans, étudiant
"J'ai passé mon permis de conduire 12 fois"

propos recueillis par Solenne Durox

"Je viens de gagner une bataille titanesque contre le permis de conduire. Tel saint Michel, j'ai terrassé le dragon le 23 novembre dernier après 12 tentatives ! Au total : deux auto-écoles, huit moniteurs, environ 5000 euros dépensés, six ans et demi de formation, 8000 kilomètres et près de 300 heures de conduite…

Mon histoire a commencé le 6 août 1999. Inscrit dans une auto-école de ma région, les Landes, j'ai opté pour la conduite accompagnée afin d'avoir plus d'expérience. J'ai réussi le code facilement. Et, en juillet 2001, j'ai passé pour la première fois l'examen pratique. Râté. Je n'ai pas paniqué car cela arrive à beaucoup de gens. La deuxième, j'étais stressé. J'ai seulement parcouru quelques centaines de mètres avant que l'examinatrice m'arrête. La troisième fois, j'étais confiant. Je pensais avoir bien conduit. Mais j'ai été recalé à cause d'un problème de dégivrage. C'est là que les ennuis ont commencé. A la quatrième et à la cinquième tentative, je n'avais plus confiance en moi. Trop de stress. C'était la déprime dans la famille. Les relations entre mes parents et l'auto-école se sont envenimées. Sixième, septième, huitième, neuvième essai : j'étais de plus en plus écœuré. Une fois de plus ou de moins… Mes parents me soutenaient pour que je n'abandonne pas. La dixième fois, j'ai pris un coup sur la tête. A peine lancé sur la route, l'inspectrice m'a dit : "Eh bien, ce n'est pas gagné!" Parti étudier dans une autre ville, j'ai changé d'auto-école, payé moi-même les leçons et obtenu le code pour la troisième fois, comme le veut la règle. Au bout de cinq échecs successifs à l'examen pratique, il faut en effet repasser l'épreuve théorique. Le 23 novembre 2005, après 12 tentatives, j'ai enfin décroché le papier rose. Il faut dire que l'inspecteur, blagueur, m'avait mis à l'aise.

Je me suis longtemps demandé si j'allais réussir. Mais, vu l'argent et le temps que ma famille et moi avions investis, je ne pouvais pas abandonner. Ne pas avoir le permis pendant toutes ces années m'a handicapé dans mes déplacements. Je devais toujours me faire emmener par mes parents, mes sœurs, mes voisins… Je me sens un peu victime du système. Les auto-écoles sont surchargées par des problèmes administratifs. Elles ont de moins en moins de temps à consacrer à leurs élèves. La gestion du stress devrait aussi être prise en compte dans la formation. Quant aux inspecteurs, ils voient des candidats toute la journée. C'est de l'abattage."

En lisant un tel témoignage, je me dis que je ne suis finalement pas un cas si désespéré que ça. Je n'en suis qu'à trois échecs à l'épreuve pratique ! Je trouve néanmoins surprenant que ce jeune homme n'ait payé que 5000 euros pour 300 heures de conduite (j'ai nettement moins pris d'heures que lui et j'en suis déjà à plus de 3000 euros). De plus, il a apparemment réussi à se présenter douze fois entre juillet 2001 et novembre 2005 alors que mon moniteur n'a même pas réussi à me présenter une dernière fois entre juillet 2005 et la fin de validité de mon code en janvier 2006. Je pense qu'il y a donc des inégalités selon les régions, certaines devant être peut-être plus chargées que d'autres. Il n'y a à ma connaissance que quatre inspecteurs dans mon département, ce qui est évidemment trop peu par rapport aux demandes ! De plus, les auto-écoles rechignent toutes à inscrire des personnes ayant râté plusieurs fois leur permis. Certains de mes collègues de boulot m'ont dit qu'on peut attribuer cela à un refus de vente et qu'un huissier pourrait condamner de telles pratiques. Encore faudrait-il que les clients réagissent en masse pour faire bouger les choses, mais cela ne semble pas près d'arriver !