Je vais mal.

Physiquement.

Les bleus sur mes jambes ne sont plus colorés mais sont encore présents et il reste tout un tas de grosses bosses douloureuses sur les tibias. Je ne risque pas de refaire du sport de sitôt, car la moindre vibration sur mes jambes me fait souffrir. Le simple fait de m’essuyer les jambes après la douche me fait mal. Mon bras droit aussi me fait mal. Ces broches, je les sens, elles me gênent. Mes doigts sont gonflés et je n’arrive pas à les tendre complètement. Prendre ma douche, par exemple, est devenu une véritable corvée, tout comme laver mes cheveux longs, les sécher, les coiffer. Tous ces mouvements, tous ces gestes qui deviennent si difficiles avec une seule main, ils m’épuisent...Combien de semaines de rééducation me seront nécessaires pour refaire des gestes simples du quotidien ?

Samedi, le chirugien va retirer mes trois broches. J’ai très peur de cette petite intervention, car le simple changement du pansement le 11 juillet avait déclenché de fortes douleurs les deux jours qui avaient suivi, et les dérivés de morphine n’avaient pas été suffisants pour calmer ces douleurs. J’en avais pleuré tellement j’avais mal. Je ne suis pourtant pas douillette. Sur le parking quand j’ai eu mon accident et les deux jours qui ont suivi à l’hôpital, je ne me suis quasiment pas plainte...Alors j’angoisse pour samedi...

Je vais mal.

Psychologiquement.

Je ne pensais pas que cet accident aurait de telles conséquences. J’ai encore très envie de faire de la moto, j’y pense régulièrement. Cela faisait plus de six mois que l’idée de devenir motarde me hantait, et quand j’ai concrétisé mon rêve, tout s’est effondré. Ma raison me dit d’arrêter, mais je ne peux m’empêcher d’y penser encore. Je me surprends à regarder les motos dans la rue. Je m’arrête même devant des motos en stationnement et je repense à mon heureux quart d’heure où je chevauchais la bête. Il est en train de me coûter cher cet heureux quart d’heure...

La moto n’est pas ma seule préoccupation. Je repense aussi à ma voiture. Je me demande si je serai encore capable de conduire. Et je l’admets, je crois que j’ai très peur de reprendre le volant. Je sais que c’est très paradoxal puisque je dis que je pense encore à faire de la moto malgré mon accident. Mais cet accident hors circulation m’a fait prendre conscience de la dangerosité de la route. La nuit dernière, je pensais à ma voiture et je pleurais car j’ai peur de ne plus jamais avoir le courage de la conduire. Il le faut bien, j’ai été piétonne pendant trop longtemps. Cette voiture, c’était ma liberté, j’étais enfin indépendante. Les gens ne se rendent pas compte que mon accident a été un vrai traumatisme, on dirait qu’ils ne prennent pas vraiment ça au sérieux, ou bien ils ne voient que les blessures physiques et pas les blessures psychologiques. La nuit qui a suivi mon intervention, je n’ai pas dormi, et j’ai vécu un véritable cauchemar éveillé. J’ai pris conscience que j’étais miraculée. J’aurais pu être très grièvement blessée. Je ne l’avais jamais écrit ici car ces mots me font peur, mais j’aurais pu mourir. 

Il n’y a pas que l’accident qui me tracasse. Il y a aussi mon ex-compagnon, avec qui je me suis encore disputée à de nombreuses reprises depuis la dernière fois où j’en avais parlé ici. Je déteste les conflits, je suis triste de ce qui s’est passé avec lui hier, je me sens très mal. J’aimerais tellement qu’on arrive à se parler autrement que par des piques ou des reproches. Je sais très bien que je lui ai fait du mal, je l’ai trompé, c’est un acte inadmissible et je ne pourrai jamais effacer le poids de ma culpabilité. J’aurais mieux fait de tout arrêter avec lui avant d’entamer quoi que ce soit avec l’homme qui l’avait remplacé dans mon cœur.

En parlant justement de l’homme qui avait remplacé mon ex-compagnon dans mon cœur, ma situation avec lui me peine aussi énormément. Notre dernière dispute remonte à quasiment deux semaines. Après avoir écrit mon long article, j’ai essayé de ne pas trop penser à lui, de m’occuper l’esprit le plus possible pour ne pas me torturer avec cette histoire. A quoi bon ? Je finis quand même par y penser. J’observe mon état. Je ne vis plus un chagrin d’amour. Mon état n’a rien à voir avec celui dans lequel j’étais fin septembre 2008. Je crois que mon deuil était déjà fait malgré mes ultimes déclarations d’amour il y a un mois. Je savais bien qu’il ne m’aimait plus, et ce depuis longtemps. Mais je souffre d’avoir perdu cet ami si cher. Cette douleur, elle est bien différente des autres et je ne l’avais jamais ressentie. Je n’avais jamais perdu d’ami auparavant, peut-être parce que je n’ai jamais eu des tonnes de vrais amis, et lui, je le considérais comme un vrai ami. J’aimerais croire qu’il va me pardonner mes excès, qu’il va m’appeler et qu’on va enterrer la hache de guerre. Moi, j’ai trop peur de tenter de le recontacter suite à sa violente réaction d’il y a deux semaines. La situation est bloquée et ça me rend vraiment très malheureuse.

Cette nuit, je suis perdue. Je n’ai évidemment pas sommeil. Je tourne en rond. Dexter et Greg n’ont pas réussi à me faire oublier mes contrariétés. Je lis et je relis mon texte. Est-ce que je vais le publier ? Quelques clics suffiront à ce que je vienne me mettre "à nu" devant vous. Mes états d’âme lus par mes habitués, certes, mais perdus dans l’immensité de ce monde virtuel...Ca me donne le vertige...

J’ai envie de terminer cet article par une musique douce et apaisante. Il s’agit de la chanson "In the waiting line" du groupe Zero 7. Je trouve que c’est parfait pour une fin de nuit, pas vous ?