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Le verdict

Mardi, j’ai eu ma séance de kinésithérapie à 11h et je suis allée à la clinique pour mon rendez-vous de contrôle avec mon chirurgien à 16h.

Je suis d’abord passée par le service radiologie pour faire les radios de contrôle. Avant même de commencer à faire les radios, le radiologue semblait se souvenir de moi car il a dit qu’on s’était vus il y a peu (c’était le 1er août effectivement, et nous nous étions également vus le 11 juillet pour la première radio de contrôle). Il m’a demandé comme à chaque fois si j’étais enceinte, mesure de précaution habituelle avant de faire une radio à une femme. Comme c’était déjà la troisième fois que je le voyais, je lui ai répondu en riant : "Non toujours pas !". Je ne m’attendais pas à ce qu’il se serve de ça pour me demander si j’étais célibataire ou non. Quand je lui ai dit que je suis célibataire, il a répondu que c’était étonnant qu’une "femme aussi charmante" que moi le soit. Oh que c’est gentil ça, il faut croire que ma petite jupe a fait effet malgré la diminution flagrante de ma masse musculaire. En tout cas, je n’en reviens pas ! Serais-je en train de me faire brancher par le radiologue ? Il semblerait bien que oui ! En effet, il a poursuivi la conversation en disant que ce n’était pas facile de rencontrer de nouvelles têtes, qu’il faut être ouvert aux rencontres et il a ajouté : "en allant faire des radios par exemple...il vous plaît pas le radiologue ?" C’est fou, car c’est assez rentre-dedans comme approche, mais il semblait gêné de dire des trucs pareils, et osait à peine me regarder en face. Il a aussi dit que c’était dommage que les femmes ne soient pas plus entreprenantes, que ce n’était pas évident pour les hommes de devoir toujours faire le premier pas. Je lui ai rétorqué que ce n’était pas si difficile que ça (la preuve, il y arrivait très bien...). Nous avons également discuté de deux-roues, puisque nous avons évoqué les circonstances de mon accident. Il est ensuite sorti de la salle de radiologie pour vérifier la qualité des premières radios qu’il avait faites, mais il a voulu en faire d’autres. Je soupçonne que c’était plus pour tenter de poursuivre la conversation qu’autre chose. Il était d’ailleurs très curieux et m’a posé plein de questions  : mon âge (il trouve que je fais moins que 30 ans), où j’habite, ce que je fais comme boulot. Une fois toutes les radios faites, il m’a lancé : "Ne répétez pas à votre maman ce que je vous ai dit !" (ma mère m’avait en effet accompagnée à ma consultation et m’attendait en salle d’attente). J’ai éclaté de rire ! Il a ajouté avant que je quitte la salle de radiologie : "Bon, on se voit le mois prochain alors je suppose ?". Je lui ai répondu que c’était effectivement très probable. Il devait peut-être attendre que je lui dise : "Oh non, je ne peux pas attendre aussi longtemps, voyons-nous avant !", ce qui ne fut pas le cas. Au final, je suis sortie de là sans même savoir son prénom alors qu’il sait tout de moi, d’une part parce qu’il n’arrêtait pas de m’interroger, d’autre part parce qu’il avait accès à l’ensemble de mon dossier. Je trouve ça quand même étonnant qu’il ait été si entreprenant sans pour autant aller au bout. Au point où il en était, il aurait pu me donner son numéro de téléphone. Il faut croire que cette tentative devait être suffisamment difficile pour lui, d’autant plus qu’il espérait sans doute que je sois plus réactive à ses avances, mais j’étais bien trop surprise pour cela. Bref...Il m’a fait patienter en salle d’attente du service radiologie (c’est un détail important) le temps que les radios soient prêtes. Une fois les radios récupérées, je suis allée patienter dans une autre salle d’attente, située devant la salle de consultation de mon chirurgien et se trouvant à une vingtaine de mètres de la salle d’attente du service radiologie. J’ai attendu mon tour pendant plus d’une heure, car tout un tas de gens fracturés à divers endroits avaient aussi rendez-vous avec mon chirurgien. Mon fameux radiologue a fait l’aller-retour au moins quatre fois entre sa salle de radiologie et la salle d’attente du chirurgien pour apporter des radios à des patients, chose qu’il ne fait jamais d’habitude, puisque que justement, il les fait attendre dans sa propre salle d’attente ! C’est à se demander s’il faisait ce petit manège exprès pour me voir !

Vers 17h30, j’ai enfin été reçue par mon chirurgien. La première chose qu’il a dite à mon entrée dans la salle d’examen, c’est : "Vous avez quand même la main bien enflée là". Oh ben tiens, ça commence bien ! J’avais envie de lui dire ce qu’il m’avait répondu le samedi 8 août quand je l’avais appelé en catastrophe après le retrait des broches : "Vous vous affolez pour rien". Non, ne soyons pas ironique. Je lui ai juste dit que ma main n’était vraiment pas très enflée comparativement à l’état dans lequel elle avait été pendant les deux premières semaines. Forcément, quand on finit par s’habituer à avoir un pied de porc à la place de la main, il est difficile de conserver son objectivité. Le chirurgien, lui, avec son œil bleu expert, a donc bien confirmé que la main était encore très enflée, surtout les petites saucisses qui servent de doigts (il n’a évidemment pas employé le terme de "saucisses" pour les définir, il est chirurgien, pas charcutier...enfin il paraît). Le chirurgien a jeté un œil aux radios : il a trouvé que la consolidation du poignet est en bonne voie (la consolidation complète prend trois mois) et il m’a affirmé que le coude, contrôlé par prudence sur les conseils de ma kiné, ne présentait pas de traces de fracture. Il a ensuite examiné mon bras et m’a fait faire quelques exercices pour évaluer la mobilité, qui est évidemment limitée. Il est ensuite retourné à son bureau et a de nouveau examiné les radios en disant : "C’est quand même bien déminéralisé". Ah, voilà, on rentre dans le cœur du problème ! Je lui ai expliqué que la kiné avait justement parlé d’une éventuelle algodystrophie...et le chirurgien a confirmé ce diagnostic. Me voilà donc officiellement atteinte d’algodystrophie, ce qui explique l’oedème, les douleurs, la raideur importante du poignet, les difficultés à récupérer la totalité des degrés sur mon coude, et enfin la déminéralisation osseuse (la fameuse "ostéoporose post-traumatique"), qui touche tout l’avant-bras. Le chirurgien m’a expliqué qu’il y a un traitement sous forme d’injections quotidiennes à heure fixe, mais que les effets secondaires sont selon lui très lourds : on doit rester couché après les injections, on a la tête qui tourne et des nausées très importantes. Il pense donc que pour l’instant, on va regarder si je fais des progrès sans recourir aux injections, et qu’on se garde cette option pour fin septembre si ma rééducation n’avance pas comme il faut. Il m’a néanmoins dit qu’il était très content (cela se voyait d’ailleurs sur son visage, on sentait la satisfaction du chirurgien très fier de son oeuvre), qu’il s’attendait à pire sachant que mes fractures étaient très importantes, et que c’est très encourageant. L’algodystrophie (modérée dans mon cas) rendant la convalescence plus lente que la moyenne, il pense que je serai bien pour les fêtes de fin d’année...et il m’a expliqué qu’en cas d’algodystrophie plus importante, la convalescence peut atteindre un an et demi !!! Je dois donc presque m’estimer chanceuse...Le chirurgien m’a ensuite préparé tous les documents dont j’ai besoin : une prescription de 20 séances de kinésithérapie supplémentaires, une ordonnance pour des anti-douleurs, et évidemment un nouvel arrêt de travail jusqu’à fin septembre, car je suis selon lui au "degré 0 de l’autonomie" et que je suis "complètement dépendante". Comme il compte me laisser retourner au boulot uniquement quand je serai en mesure de conduire et de travailler normalement avec mes deux mains, il est plus que probable que l’arrêt de travail soit encore prolongé ensuite. Le chirurgien a terminé la consultation par une discussion concernant l’auto-école et l’assurance. Il va apparemment bien m’appuyer pour mes démarches, et il voudrait notamment me mettre en contact avec un expert médical, car selon lui, si je me contente de l’expertise de l’assurance, mes séquelles seront sous-évaluées et je risque de me faire entuber.

Même si le chirurgien est optimiste pour un pronostic à plus long terme, j’avoue que mon moral commence à en prendre un coup. J’étais préparée à entendre que je souffrais d’algodystrophie, les deux kinés m’ayant déjà fait part de leurs très gros doutes à ce sujet (cela prouve au moins qu’elles connaissent bien leur boulot !). Je n’étais de toute manière pas dupe, je l’avais moi-même soupçonné dès le mois de juillet quand je constatais la sudation anormale de ma main, qui est un des premiers signes (le 11 juillet, j’avais d’ailleurs précisé au chirurgien que ma main était anormalement transpirée, que je sentais la sueur couler sur tout l’avant-bras et il avait répondu : "Mais noooooooooon !!!"). Le diagnostic de cette complication que je redoutais un peu n’était donc pas une surprise. J’étais également consciente que je n’allais pas reprendre le boulot tout de suite : je vois bien de quoi je suis capable, et c’est effectivement plus que limité. Même si j’étais parfaitement préparée psychologiquement à tout ça, cette perte d’autonomie et ce sentiment d’inutilité sont difficiles à vivre. Le fait de ne plus avoir de vie sociale et de me sentir très seule n’arrange rien. D’un autre côté, le fait d’être si peu autonome me rend parfois tellement exécrable (voir que je n’arrive à rien devient rapidement très énervant) que j’en deviens presque misanthrope tellement les gens m’agacent (il faudra que je vous raconte toutes les conneries que j’ai pu entendre de la part d’autres patients chez la kiné par exemple). J’ai en tout cas intérêt à faire attention à mon bras, car il est aussi déminéralisé que celui d’une mémé de 80 ans, le risque étant bien sûr...les fractures. Donc je dois me ménager (le chirurgien insiste beaucoup sur le fait que je ne dois pas forcer sur mon bras, même pendant les séances de kinésithérapie), éviter de faire des trucs idiots comme courir en talons sur un sol glissant, et me reposer, ce qui commence à être une habitude. Je crois que je n’ai d’ailleurs jamais autant glandé de toute ma vie. Moi qui suis tellement active et dynamique d’habitude, on peut dire que ça me change.

Mercredi après-midi, j’ai vu ma kiné, qui a observé les radios de contrôle. Elle m’a confirmé que la consolidation est en bonne voie, malgré la déminéralisation flagrante. Elle a commenté les radios et m’a montré que le coude, qui ne présente fort heureusement aucune trace de fracture, est encore plus déminéralisé que le poignet. Tout cela explique les douleurs au coude dont je me plaignais avant même le retrait du plâtre. Nous avons ensuite attaqué les exercices, et comme j’étais très fatiguée de la journée de la veille (la séance de kiné le matin, le trajet en tram pour aller à la clinique, la consultation avec le chirurgien, le trajet en bus pour rentrer à la maison), j’avais le bras beaucoup plus raide et beaucoup plus enflé que les autres jours. Nous avons à peine pu travailler, et elle a dû se contenter de me masser. Le lendemain, mon bras avait désenflé (disons plutôt qu’il avait retrouvé son niveau de gonflement habituel !) et j’ai pu retravailler normalement. Cela m’a encore une fois fait prendre conscience de mes limites. La moindre fatigue inhabituelle fait gonfler mon bras et m’oblige à me reposer. Je suis vraiment à mille lieues de la guérison.

PS : ma main gauche tenait à remercier ma main droite, qui, sur les ordres de la kiné, a dû participer à la rédaction plus que douloureuse de cet article !

Ecrit par C-C, le Dimanche 30 Août 2009, 16:30 dans la rubrique Jour après jour.

Commentaires :

osway
osway
31-08-09 à 23:24

zut

quelle poisse!!!! cela n'est pas croyable........enfin peut etre une idyle avec un radiologue se dessine ? :)