Chers lecteurs, comme promis, voilà la suite de mon récit...
Le moniteur me fait remonter sur la moto noire pour continuer le cours, puis, au bout de quelques minutes, il décide de me faire changer de moto avec un autre élève, car il paraît que la selle de l’autre moto est plus basse. Ma foi, je ne vois pas pourquoi je devrais contredire cette décision. Je me retrouve donc sur une moto du même modèle, mais de couleur orange, et dont la selle est censée être plus basse. Honnêtement, je ne vois pas trop de différence pour la hauteur de selle. De toute façon, je n’étais absolument pas gênée par la hauteur de selle de la moto noire car j’arrivais à poser les pieds au sol à l’arrêt. Le cours reprend donc sur la moto orange. J’ai quelques difficultés de prise en main, je ne trouve pas le point de patinage alors que je n’avais aucun problème sur l’autre moto. Ce changement de moto me déstabilise donc un peu, je me sens beaucoup plus hésitante mais je parviens néanmoins à faire un aller retour sur le parking. Ensuite, je fais un autre aller, et pour le retour, le moniteur m’aide à faire demi-tour avec la moto moteur coupé. Je suis contente de constater que je parviens à diriger la moto sans perdre l’équilibre (moi qui suis aussi épaisse qu’un coton tige, je craignais de ne pas être capable de réaliser ce genre de manœuvres).
Mais les choses se gâtent sans que je le sache car le moniteur ne m’a pas fait faire un demi-tour complet, pour m’éviter sans doute de poursuivre cette manœuvre moteur coupé. Je me retrouve donc à 45 degrés de la trajectoire sur laquelle je devrais être. Le moniteur me fait reprendre les exercices dans cette trajectoire : je dois démarrer la moto, avancer en première puis arrêter la moto. Tout s’enchaîne alors très rapidement : je démarre la moto, et cette fois, je trouve malheureusement pour moi le point de patinage, puis, sans que je comprenne trop pourquoi, la moto va vite, très vite (40 km/h selon les témoins présents). En fait, il semblerait que la surprise engendrée par ce démarrage sur les chapeaux de roues m’ait fait paniquer, et j’ai eu un mauvais réflexe : je me suis cramponnée à la poignée des gaz, ce qui explique la forte accélération. Je prends rapidement conscience de la gravité de la situation dans laquelle je suis : à 30 mètres de moi se trouve un arbre entouré de deux poteaux métalliques et situé exactement sur ma trajectoire. Je n’ai pas beaucoup de temps pour réfléchir. Que dois-je faire ? Freiner au pied droit ? Je suis tétanisée et je ne trouve même plus la pédale de frein. Freiner à la main droite ? Le moniteur ne m’a pas encore fait tester ce frein et m’a expliqué qu’il était très puissant. Je préfère éviter cette option. Tenter de contourner l’arbre ? C’est mon premier cours et je ne me sens pas capable de faire ça, surtout à la vitesse à laquelle je suis. De plus, si j’évite l’arbre, cela m’obligera à traverser cet immense parking, et qui sait, peut-être entrer en collision avec un autre élève. Je ne veux pas être responsable d’un carnage. Je choisis donc la seule option qui me semble "valable" : percuter cet arbre, car cela permettra d’arrêter cette méchante moto orange. Je vois l’arbre se rapprocher dangereusement de moi, et l’impact a finalement lieu. Les témoins m’ont raconté que la moto est restée encastrée entre les deux poteaux métalliques qui entouraient l’arbre.
C’est très étrange, car je ne me souviens absolument pas de l’impact, mais juste des instants qui ont suivi le choc : je suis par terre, assise, et très essouflée. Je vois mon moniteur qui court vers moi. Cela semble signifier que j’ai fait un bon gros demi tour quand j’ai été projetée au sol. Je respire fort sous mon casque, je n’essaie pas de le retirer. Je suis bien sonnée mais suffisamment consciente pour penser à mon dos : je n’ai aucune douleur. Je sens également mes jambes. Je suis rassurée par ce petit miracle. Le moniteur arrive enfin à côté de moi. Il s’agenouille près de moi et je me tiens à lui pendant que des élèves préviennent les secours. Et là, je commence à sentir des douleurs (bizarrement, il a fallu quelques instants pour que je les perçoive) : j’ai d’abord très mal au bras droit (j'ai de la chance dans mon malheur car je suis gauchère). Je regarde juste mon poignet, qui apparaît entre mon gant et mon blouson. Et là, c’est une vision d’horreur que je ne risque pas d’oublier de sitôt : je vois ce que je crois être une grosse éraflure sur le bord du poignet et en soulevant un peu plus mon blouson, je vois mon bras, qui ressemble alors à un bout de saucisson, à côté duquel on aurait déposé une main molle plusieurs centimètres plus loin. Il ne me vient même pas à l’idée que mon poignet est cassé. Pourtant, la douleur est atroce...mais comme je n’ai eu qu’une seule petite fracture dans ma vie (un doigt lors de mon accident au Japon), je n’ai aucun point de comparaison. Je ressens d’autres douleurs : mes jambes me font très mal, ainsi que mon pauvre sexe, qui a dû fortement cogner contre le réservoir. Je ne pleure pas, mais je me plains beaucoup de toutes ces douleurs. Les pompiers arrivent enfin. Je ne me souviens pas de tout en détails. Je sais qu’ils m’ont examinée et qu’ils ont rapidement constaté que je ne pouvais pas être transportée dans de telles conditions. Ils ont donc appelé un médecin et je les ai entendus parler de fracture ouverte du poignet. C’était donc ça la grosse éraflure...Je reste assise par terre en attendant le médecin. Enfin, les renforts arrivent : il s’agit d’un pompier médecin et d’un pompier infirmier. Il y avait peut-être d’autres personnes avec eux, mais je n’en ai aucun souvenir. Je crois que c’est à ce moment-là qu’on m’a enfin retiré mon casque et placé une sorte de gros "collier" pour maintenir ma tête. Je les entends parler de plaie au menton. C’est très bizarre car je vois bien que j’ai plein de sang mais je ne sens aucune douleur. Les pompiers ont découpé mon pantalon et retiré mes chaussures pour examiner mes jambes et mes pieds. A part une plaie sur le tibia droit, tout va bien. On me retire le bras gauche de mon blouson et je crois qu’on me met une perfusion. J’ai droit à de l’Augmentin (c’est un antibiotique pour éviter l’infection de ma plaie au poignet) et à de la morphine. Ensuite, le médecin me prévient qu’il doit m’anesthésier pendant quelques minutes pour réduire en partie la fracture. On me place un masque sur le visage, je me sens engourdie, j’essaie de le dire mais je n’arrive plus à parler. Me voilà plongée dans un sommeil forcé dont j’ignore la durée. Quand je reviens à moi, je vois mon moniteur pleurer et je lui dis de ne pas s’inquiéter et que ça va aller. Les pompiers me demandent si j’ai une préférence pour le lieu d’hospitalisation. Je demande l’institut Tzanck à Saint Laurent du Var. On me répond que ça risque de ne pas être possible et on me dit qu’il faut que je choisisse un endroit où il y a des chirurgiens pour mon poignet. Je ne réalise pas bien ce qu’on me raconte et je suis encore assez ahurie pour penser qu’un simple plâtre suffira. Les pompiers me proposent alors d’aller soit à l’hôpital Saint Roch soit à la clinique Saint George. Je choisis sans hésiter Saint George car ma grand-mère a eu quelques mauvaises expériences à Saint Roch. Ma demande est apparemment acceptée. Je suis mise sur un brancard et mon bras droit est placé dans une sorte d’attelle gonflable. On me met dans l’ambulance. Pendant le trajet, je reçois encore de la morphine car j’ai toujours très mal.
Je suis loin d’être au bout de mes peines...mais ça, ce sera la suite de mon récit...(je sais, je suis la reine du suspense ;-) )
Commentaires :
Re:
Merci de ton passage Bri. Je me remets doucement, mais tout ça va être très très long à mon avis. Il me reste encore 4 semaines de plâtre et surtout la rééducation...
C'est horrible.
C'est terrible ton histoire, pour ton poignet cassé c'est dramatique, par chance tu as echappé à un traumatisme crânien, à un étirement du plexus brachial ou à un écrasement de ta jambe par la moto. Ton auto-école et ton moniteur sont vraiment des irresponsables. Manifestement la moto n'était pas adaptée à ton expérience et peut être à ta corpulence. Personnellement, je trouve scandaleuse l'attitude de cette auto-école et de ce moniteur. Et ce moniteur me semble particulièrement incompétent pour donner des cours de moto. Tu as été trop gentille avec lui, personnellement je crois que je l'aurais insulté. Mais enfin, j'espère que la suite sera plus facile, et ton osteosynthèse se fera très bien et ta guérison sera prompte et facile sans complication.
Gros bisous et bon rétablissement.....( comme c'est parti, je redoute quand un peu même de lire la suite )
Re: C'est horrible.
Euh, insulter le moniteur, je crois que je n’étais pas en état de le faire, car la douleur du bras occupait toute mon attention ;-)
La moto n’était effectivement pas adaptée à mon expérience, une 125 aurait été sans doute mieux. Par contre, elle était adaptée à ma corpulence. Je suis très mince, certes, mais je mesure 1m69, et j’étais plus grande que deux des quatre hommes qui prenaient des leçons avec nous ce jour-là. Bref, de toute façon, ce qui est fait est fait, il ne me reste plus qu’à prendre mon mal en patience et à admettre que mon été 2009 est vraiment fichu. Mais ça aurait pu être tellement plus grave que je relativise...
brigetjones30