Mardi après-midi, ma mère et moi sommes allées à la clinique pour voir le chirurgien, elle pour son pied et moi pour mon bras. Avant de voir le chirurgien, ma mère et moi devions faire des radios de contrôle. Contrairement à d’habitude, mon radiologue attitré n’était pas seul. Il se partageait le boulot avec un collègue. Il faut préciser que nous ne nous étions pas donné de nouvelles durant toute la semaine précédente. Je suppose que le fait que je sois une proie trop difficile à entraîner dans ses filets l’a pas mal dissuadé de me recontacter. De mon côté, le fait qu’il soit un coureur invétéré ne m’a pas motivée plus que ça à le rappeler, bien que je le trouve très sympa. Quand j’étais dans la salle d’attente, je l’ai vaguement entendu parler avec son collègue, qui insistait pour me faire ma radio. Mon radiologue refusait catégoriquement de laisser son collègue s’en occuper et il a fini par venir me chercher en salle d’attente pour ne pas se faire doubler. Il semblait anormalement heureux de me voir et il avait les yeux brillants et le sourire aux lèvres. Il a trouvé que j’étais particulièrement "sexy" (je portais effectivement une tenue très féminine) et "charmante". Moi, ça m’amuse, mais je ne me fais pas d’illusions : il drague partout où il passe et il doit faire des compliments à toutes les femmes qu’il voudrait mettre dans son lit. Avec moi, ce petit numéro de charme ne suffit malheureusement pas...Il a quand même fini par me dire qu’il m’appellera dans la semaine. Je lui ai répondu que si on se voit, ce sera pour une rencontre "chaste". Il est donc prévenu, et j’avoue que je serais bien surprise qu’il me recontacte malgré mes mises en garde. Je n’ai pas l’impression qu’il ait l’habitude de prendre le temps de connaître les femmes qu’il rencontre, il préfère les faire passer directement à la casserole. Je ne suis pas persuadée qu’il ait envie de changer ses habitudes pour essayer de savoir qui je suis. Bref...Pour en revenir à ma radio, mon radiologue m’a confirmé que ma main et mon poignet apparaissent encore très déminéralisés. L’algodystrophie est donc encore bien présente. Quand je suis sortie de la salle de radiologie, ma mère m’a dit qu’entre temps, le collègue de mon radiologue lui avait fait sa radio du pied et qu’il avait été particulièrement désagréable.

Ma mère et moi sommes ensuite allées patienter dans la salle d’attente du chirurgien et contrairement à d’habitude, nous n’avons pas beaucoup attendu avant d’être reçues. Le chirurgien s’est d’abord occupé de mon poignet. Il m’a demandé comment je me sens. Je lui ai répondu que je progresse lentement, que j’ai encore des douleurs, en particulier sur le cubitus et dans les doigts et que la main a tendance à gonfler, surtout après les grosses séances de kinésithérapie. Le chirurgien a ensuite regardé mes radios et a confirmé la déminéralisation. Il m’a expliqué que c’est à cause de cette déminéralisation que j’ai encore mal. Il a examiné mon poignet : il a vérifié la flexion, l’extension, les mouvements de rotation et la force. Il trouve le résultat très satisfaisant. Concernant l’extension, je lui ai dit que je progresse bien, lentement mais sûrement. Concernant la flexion par contre, cela fait trois semaines que je n’ai rien gagné (j’ai pris des photos toutes les semaines qui l’attestent). J’atteins péniblement les 45 degrés et les douleurs lors des séances de kinésithérapie empêchent les progrès. Le chirurgien trouve cela normal car la flexion n’est pas la position la plus naturelle dans la vie courante, et cela va être très long à récupérer. Par rapport à mes douleurs sur le cubitus, le chirurgien n’est pas inquiet : il m’a répété que j’avais eu une très grosse fracture et que cela explique les douleurs. Il m’a dit que j’allais aussi avoir mal aux ligaments dans les semaines à venir lors de mes séances de kinésithérapie. Pour ce qui est de l’algodystrophie, je suis contente car je ne vais pas avoir besoin des injections que le chirurgien avait évoquées à la fin du mois d’août. Je suis en arrêt maladie pour un mois de plus, et j’ai ma consultation de contrôle début novembre. Théoriquement, si j’atteins les objectifs prévus d’ici là, je suis censée reprendre le boulot après. Après ma consultation, le chirurgien s’est occupé de ma mère. Pour elle, cela a été plus rapide : son orteil est complètement consolidé et elle n’a plus besoin de garder son bandage.

Lors de ma consultation, j’ai avoué au chirurgien que j’avais rêvé dans la nuit que je faisais de la moto, aussi délirant que cela puisse paraître. Pour me calmer dans mon élan, il m’a dit qu’il avait déjà amputé un motard des deux jambes suite à un accident sur l’autoroute. Les jambes avaient été "taillées" par la glissière de sécurité. Le chirurgien m’a aussi raconté avec un grand sourire qu’il y avait pire que la moto : le motoculteur. Un de ses patients avait eu l’ensemble de la jambe happée par le motoculteur. Il avait dû être anesthésié sur place et les opérations successives avaient duré 18 heures. Quand ce chirurgien évoque de telles opérations avec ce sourire satisfait, il me fait vraiment penser à Dexter :-) (bon, ok, Dexter et lui n’ont pas vraiment les mêmes objectifs !)

Une fois les deux consultations finies, je suis passée à l’accueil pour payer et pour récupérer mes feuilles de soins. Il se trouve que le radiologue est repassé par là au même moment. Il a carrément attendu que je parte et m’a fait un signe de la main pour me dire au revoir. C’est à se demander s’il avait déjà vu une femme en jupe avant :-)

Mercredi après-midi, j’ai eu ma séance quotidienne chez la kiné. Comme nous l’avons convenu avec le chirurgien, nous allons modifier le rythme des séances. Jusqu’à présent, nous faisions cinq séances d’environ une heure chacune par semaine. Les lundis, mercredis et vendredis, nous faisions des séances assez dures en forçant beaucoup et les mardis et jeudis, les séances étaient plus douces (j’avoue cependant que la différence n’a jamais été si frappante que ça !). A présent, nous allons passer sur un rythme de trois grosses séances d’une heure et demie chacune par semaine. Cela va être très dur, car nous cumulerons le travail articulaire, qui est atrocement douloureux (il y a eu des séances où j’étais carrément au bord de l’évanouissement...), surtout en flexion, et le travail musculaire, qui est très fatigant car je n’ai évidemment plus de muscles. Je suis très motivée pour progresser et je ne me ménage pas, j’essaie d’aller contre ma douleur. Mes efforts ont été payants et ce jour est à marquer d’une pierre blanche. Pour ma 37ème séance, j’ai réussi à soulever un poids d’un kilo ! Je vous racontais il y a exactement un mois que je n’arrivais pas à soulever plus de 200 grammes. Ces merveilleux progrès me redonnent donc le moral !

Ce sera tout pour aujourd’hui, je vous dis à bientôt !