Juin 2009. Je passe la journée du dimanche 14 juin à l’hôpital suite à une douloureuse colique néphrétique. Il faut croire que mon corps me lance des signaux d’alarme pour me forcer à m’arrêter. Mais évidemment, je ne l’écoute pas et je fais n’importe quoi. Je ne me repose que pendant deux jours après ma colique. Le vendredi 19 juin, je retourne voir mon médecin car je supporte mal mon traitement anti-inflammatoire. J’ai atrocement mal au ventre et il faut à tout prix que je change de traitement. Je tiens en effet à être en forme le lendemain car je suis censée avoir mon tout premier cours de moto. Cela fait un long mois que j’attends cela et je n’ai absolument pas envie d’annuler. Le samedi 20 juin, je me lève aux aurores car mon cours commence à 8h. Quand je me prépare, j’ai l’espace d’une seconde un mauvais pressentiment. Je me dis que je suis en train de faire une connerie en allant à ce cours, qu’il risque de m’arriver quelque chose et que je ferais mieux de rester chez moi et de me reposer tranquillement. Comme je n’ai pas envie de me laisser diriger par des pressentiments, je décide d’aller quand même à ce cours. Malheureusement pour moi, j’ai eu un accident après une quinzaine de minutes de leçon. C’est à cet instant-là que ma vie bascule. Je ne me rappelle pas du choc, je sais juste que quand je suis par terre, la première personne à laquelle je pense, c’est lui. Je me souviens avoir aussi songé à ma mère. Pas de place pour d’autres personnes dans mes pensées. Les pompiers arrivent, s’occupent de moi. Quand je vais "mieux", ils me demandent si je veux téléphoner à quelqu’un. Je demande immédiatement à l’appeler lui. J’essaie de leur donner son numéro de téléphone, mais j’ai l’esprit confus. Je leur donne plusieurs mauvais numéros et les pompiers finissent par chercher mon portable dans mon sac pour avoir le bon. Ils composent le numéro et je lui parle. Je ne sais plus trop ce que je lui ai dit. Je crois qu’il était calme. Les pompiers me transportent à l’hôpital. On m’opère dans l’après-midi pour me poser des broches au poignet droit. La nuit qui a suivi l’opération a été horrible. J’ai fait des crises de tachycardie et j’ai pensé à lui, encore et encore. Je fais le bilan de l’année qui vient de s’écouler. Un an avant, il m’aimait, nous nous aimions. A présent, je suis seule à aimer, pauvre idiote fracturée que je suis, et on dirait que cet accident fait remonter à la surface tout l’amour que j’ai encore pour lui et que je tentais de contenir. Le lundi 22 juin, je sors de l’hôpital et je commence ma convalescence chez ma mère. Je ne fais que penser à lui, j’ai besoin de lui dire que je l’aime, cela fait si longtemps que je me retiens ! Je lui fais transmettre un petit mot et un livre intitulé "Voilà pourquoi je t’aime" le vendredi 26 juin, la veille de la date qui a été la nôtre un an auparavant. Je me dis aujourd’hui qu’il a dû trouver ce livre rempli de cœurs et d’oursons amoureux stupide et particulièrement niais et ma déclaration a peut-être fini dans une poubelle le jour même. Qu’importe...Il sait maintenant que je l’aime encore...
14 juillet 2009. Quelques jours avant, je lui avais proposé de venir avec moi voir un feu d’artifices du 14 juillet et je lui avais laissé le choix du lieu. Il est donc venu me chercher à Nice et nous sommes allés à Cannes. Nous avons dîné ensemble puis nous sommes allés admirer le feu d’artifices qui a illuminé la baie de Cannes ce soir-là. Je l’ai senti ailleurs à plusieurs reprises pendant la soirée. Cela n’a pas vraiment favorisé les conversations "intimes" et je suis donc restée neutre toute la soirée. Quand il me dépose en bas de chez ma mère au retour, j’ai la gorge serrée, car cette scène me rappelle la nuit du 27 au 28 juin 2008, quand il m’avait raccompagnée après notre merveilleuse soirée ensemble. La ressemblance avec l’année d’avant s’arrête au lieu. Il n’y a ni baisers ni amour. J’ai tellement envie de le prendre dans mes bras (oui, je sais, un de mes bras est plâtré et je ne risque pas de pouvoir le faire...) et de lui dire que je l’aime. Mon amour n’est pas mort, au contraire, j’ai l’impression qu’il est encore plus fort, que le fait d’espérer depuis un an un miracle exacerbe encore plus mes sentiments. Je dois me retenir, ne pas pleurer, et je le laisse rentrer chez lui sans dire un mot.
Nuit du 14 au 15 juillet 2009. Je pète un câble. Je suis trop bête. J’ai réussi à me retenir toute la soirée et là, je n’en peux plus, je dois lui redire que je l’aime. Je lui envoie un mail...
15 juillet 2009. Nous discutons ensemble sur MSN et cela tourne rapidement au clash. J’insiste pour connaître sa situation sentimentale actuelle, il ne veut rien dire et se braque. Je suis une idiote, je suis en train de perdre son amitié, la seule chose qui me reste, et j’insiste. Et comme il est aussi têtu que moi sinon plus, il refuse catégoriquement de me dire quoi que ce soit. Le soir, je finis par envoyer un mail lui souhaitant de trouver un bonheur durable et lui précisant que je ne chercherais plus à m’immiscer dans sa vie privée.
16 juillet 2009. Suite à mon mail, il est exaspéré. Il m’envoie un mail de réponse pour me dire qu’il souhaite rompre tout contact. Il me supprime de sa liste MSN.
Je vous avais raconté tout cela à chaud dans cet article au moment où ces faits s’étaient produits. Plusieurs mois après, c’est toujours aussi douloureux pour moi de repenser à cet épisode de ma relation avec lui. Je me suis sentie infiniment triste qu’il souhaite couper tout contact avec moi. Sur le moment, ma tristesse était principalement liée au fait d’avoir perdu son amitié. Je pensais avoir fait le deuil de notre relation malgré mes tentatives désespérées pour le reconquérir. J’étais malheureuse d’avoir gâché les possibilités de garder une relation amicale sereine avec lui. Je me sentais coupable de l’avoir autant exaspéré par mes innombrables déclarations d’amour. On peut le dire : cette convalescence a été un véritable calvaire. J’ai horriblement souffert physiquement et la perte de quelqu’un d’aussi cher à mon cœur est vraiment arrivée au mauvais moment.
Au début de ma convalescence, j’étais très inquiète de mon retour au boulot : j’avais peur de devoir affronter son indifférence tous les jours. Il se trouve que mon état ne m’a pas permis de retourner travailler aussi rapidement que je l’aurais voulu, et je suis restée un peu plus de quatre mois et demi en arrêt maladie. Les semaines passent. Il ne me contacte pas. Les mois passent. Je n’ai toujours pas de nouvelles de lui. J’ai trop peur pour tenter d’en prendre. Je me dis qu’il ne changera pas d’avis et que nous ne nous reparlerons jamais, même à mon retour au travail. Cela ne m’empêche pas de penser à lui tous les jours.
Même s’il occupe mes pensées, je rencontre quelques hommes à la fin de ma convalescence. Avec certains d’entre eux, j’ai pendant quelques jours l’illusion que des affinités peuvent nous rapprocher. Je déchante rapidement. Ces rencontres n’aboutissent finalement qu’à une chose : me faire prendre conscience de l’ampleur de ce que j’ai perdu. Je le notais d’ailleurs dans cet article de début novembre : "Cette petite étincelle que j’avais trouvée il y a un an et demi, elle était rare et précieuse et j’en prends un peu plus conscience chaque jour. [...] Malheureusement pour moi, je ne peux que constater que plus je rencontre de nouvelles personnes, plus je regrette ce que j’ai perdu." Et voilà. Je viens de passer quatre mois et demi loin de lui, sans aucun contact avec lui. Et ma seule conclusion, c’est qu’à moins de revoir mes exigences à la baisse et d’arrêter de croire en quelque chose de beau, il me semble bien improbable de réussir à m’en sortir. Il a placé la barre tellement haut ! Je suis dans la merde, c’est officiel...d’autant plus que je dois reprendre le travail...
(La suite au prochain épisode...)